Des réalités inquiétantes
Beaucoup de lecteurs fidèles ont remarqué la faible alimentation de ce blog depuis six mois : des chantiers professionnels en inflation en sont la cause. Je le regrette d’autant plus que l’actualité politique, pesant sur la vie sociale, a été riche. Je pense en premier lieu aux impacts des élections européennes dans certains pays (dont la France) et à la progression des votes populistes ou extrémistes.
Sur ce dernier sujet, une petite remarque : chacun s’interroge ou proteste, mais personne ne semble suffisamment prendre en compte trois origines à ces votes extrêmes :
- l’état de l’actuelle Union européenne : elle intervient sur de nombreux sujets accessoires, est en échec sur l’essentiel (croissance et emploi, moteur de la redistribution). Elle contraint sans rien résoudre, emm…. plus qu’elle apporte. Et les grands idéaux évoqués par tel ou tel peinent à justifier sa réalité : l’intervention tatillonne, technocratique et castratrice de la commission, sans perspective.
- le constat fait quotidiennement par les citoyens : une classe politique institutionnalisée qui se sert sans vergogne, qui s’autojustifie tout en tenant un haut discours moral et culpabilisateur.
- un désir populaire paradoxal : il lui reste une satisfaction, celle de voir les politiques répondre par des protestations morales (des grands principes) ou rationnelles (l’absurdité des programmes économiques populistes) à leurs votes ou leur abstention. Il y a une forme de jubilation masochiste, paradoxale, chez les citoyens à écouter ces réponses des politiques. Cela relève t-il de la pathologie ? Oui d’une certaine façon, et qui justifierait l’abandon d’une argumentation classique contre ces votes extrêmes. Une spirale systémique s’est installée. Selon les thérapies systémiques, une des thérapeutiques pourrait venir de l’injonction paradoxale : prescrire le symptôme.
Quelles solutions ?
Je n’ai ni antidote ni solution miracle contre cette montée des votes extrêmes, sinon le fait de tirer les conclusions de mes trois constats précédents. Pour le reste, l’information, la diffusion des idées et l’ouverture me semblent plus que jamais les vecteurs de toute intelligence collective.
Un thème d’information nécessaire : l’apport social de l’Europe
Informer sur les avancées de l’Europe sociale, sans idéalisation ni diabolisation, sera toujours plus important pour moi que toute invective. Et que constate t-on ?
- Des programmes sociaux importants, qui sont en cours mais globalement ignorés : je pense, parmi des dizaines de sujets, par exemple aux méthodes ouvertes de coordination (MOC) en matière de lutte contre la pauvreté.
- De lourdes occasions sont encore manquées : l’harmonisation des droits économiques et sociaux notamment.
Donnons-nous l’ambition d’en parler plus souvent…
Être ouvert
S’intéresser aux points de vue de l’autre (celui qui pratique l’absurde « vote du pire » par exemple) et des autres pays ou cultures européennes me semble un autre vecteur nécessaire.
C’est pourquoi je vous propose de vous pencher sur la lecture de la presse européenne. Difficile me direz-vous ? Pas vraiment depuis Internet : connectez-vous (ou même abonnez-vous via une inscription au flux RSS) au site Vox Europa (cliquer ici pour y accéder). Chaque jour, il propose un extrait des meilleurs éditos ou articles de la grande presse européenne, avec leur traduction.
Ce site vient d’être ouvert : il fait suite à Presseurop (édité par Courrier international et soutenu par l’Union Européenne) qui a dû fermer ses portes en décembre 2013, par impossibilité de poursuivre sa mission (fin du soutien financier de l’UE). Depuis, des journalistes de tous pays se sont mobilisés pour faire revivre l’idée et ont créé Vox Europa. Nous pouvons ainsi retrouver une source d’information régulière et importante, et au-delà, des opinions diverses comme un regard sur la France qui pourra nous étonner.
Vous lirez par exemple un article du 30 mai 2014 (paru dans The Economist) sur l’avancée d’une nouvelle langue, l’Euro-globish au sein de l’Union européenne. Vous pourrez encore vous intéresser à un autre article d’un blog roumain intitulé « comment s’occuper des extrémistes ? », paru le 7 juin 2014, sur notre comportement de « troglodytes » (l’article parle des français et des britanniques) avec, à son menu, descriptions ironiques et injonctions paradoxales.
Utiliser le site Vox Europa est facile, gratuit. En prime, vous sortirez de l’horizon franco-français : sa sinistrose souvent, sa paresse intellectuelle parfois.
Daniel GACOIN
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