La presse a relaté depuis 8 jours un rapport parlementaire remis par la
sénatrice Isabelle Debré à la Garde des Sceaux à propos des mineurs isolés,
indiquant une proposition de pilotage, à terme, de l’accueil et
l’accompagnement de ces mineurs par la Protection Judiciaire de la Jeunesse
(PJJ), proposition plutôt bien accueillie de tous bords. Confronté depuis
l
ongtemps à l’incertitude des perspectives d’accompagnement de ces mineurs dans
les établissements de protection de l’enfance ou avec les services d’Aide
Sociale à l’Enfance (ASE) ou avec les structures de la PJJ, il m’a semblé utile
de consulter ce rapport.
C’est un document vraiment intéressant (cliquez ici pour y accéder)
:
> Par la vraie description d’une réalité : 4000 à 8000
jeunes sont concernés chaque année, qui ne correspondent pas à l’imagerie des « mineurs étrangers non accompagnés », puisqu’ils ont pu être accompagnés
à l’arrivée, puis laissés seuls par la suite. Le phénomène s’est développé dans
les années 1980 (jeunes Yougoslaves, Tziganes et Roms le plus souvent
originaires de Bosnie et/ou de Serbie), amplifié dans les années 1990 (mineurs
isolés étrangers arrivent du Maghreb - en particulier du Maroc-, du
Moyen-Orient, d’Afrique subsaharienne et de Chine). Ces jeunes sont très
exceptionnellement délinquants, sont accueillis par les structures
socio-éducatives et de protection (notamment depuis le dispositif Versini au
début des années 2000), mais sans perspective réelle d’intégration à leur
majorité
> Par la présentation d’une typologie
diversifiée de ces jeunes : mineurs exilés (de zones
géographiques à risque ou meurtrières), mineurs mandatés par leur famille (pour
acquérir une situation, un revenu un diplôme, à charge pour eux, éventuellement,
de faire venir le reste de la famille), mineurs exploités (aux mains de
trafiquants), mineurs quittant un domicile familial à la suite de maltraitances
ou conflits, mineurs errants (vivant de la mendicité, ou de revenus de fortune,
dont délinquance et prostitution).
> Par la richesse, justesse,
des propositions : j’ai notamment retenu …
- La mobilisation immédiate d’administrateurs ad hoc (avec formation de ces derniers à l’École nationale de la PJJ) dès les premiers contacts,
- L’évaluation réelle de la situation administrative et de l’âge, dès les premiers contacts,
- La reconnaissance d’une situation de droit pour ces mineurs,
- Un dispositif de mise à l’abri dans chaque département,
- Un dispositif d’évaluation et d’orientation dans chaque département
- Le bénéfice d’un titre de séjour à la majorité pour tout mineur pris en charge après 16 ans par les services de l’ASE
- Un dispositif particulier à créer pour les DOM largement concernés (Mayotte, Guyane)
- La création d’une plateforme nationale pilotée par la PJJ, avec un fonds spécial et des plateformes territoriales (incluant un processus garanti de solidarité entre départements),
- Le développement d’une coopération européenne.
> Par l’étude sérieuse des
réalités de terrain : des départements ont été sérieusement
interrogés (Paris, Seine-Saint-Denis, Nord, Pas de Calais, Loiret, Ariège
plus Mayotte et la Guyane). 10 récits de vie particulièrement illustratifs sont
présentés en annexe et m’ont impressionné.
J’ai bien conscience que l’esprit général du rapport, tout en
reconnaissant l’action des Conseils généraux, va dans le sens d’une recentralisation
des modes de fonctionnement… Ceci ne me pose pas de difficulté majeure, bien au
contraire. Enfin une clarté dans les appréciations, sans défausse sur d’autres
acteurs déjà étranglés par les missions ! Par ailleurs, le pilotage
national et territorial par la PJJ me paraît une réelle option, à condition que
celle-ci puisse assumer cette mission nouvelle avec des moyens suffisants et
une organisation attentive aux réalités, dans la proximité (en sortant
notamment de grandes approches et plans stratégiques inadaptés aux besoins).
Enfin, j’ai aimé l’idée que l’État ne soit pas simplement un gestionnaire
mais un vrai garant du droit pour ces mineurs. Pourvu que ce qui a été annoncé par la presse
(décisions prises d’ores et déjà pour la PJJ) ne reste pas lettre morte…
Daniel
GACOIN
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