Une bonne
nouvelle est arrivée ce week-end : la Health
Bill, la réforme de la couverture santé aux Etats-Unis portée par le
Président Obama, vient de remporter sa première victoire. Ce texte de 2.000 pages, a été adopté par la Chambre des représentants samedi
7 novembre par 220 voix contre 215, à
l'issue de 12 heures de débats. Certes, il reste encore le dernier pas à accomplir : l’adoption
par le Sénat où le vote risque d’être plus serré, mais le projet est maintenant
un peu plus sur les rails.
Pour tous
ceux qui s’intéressent à l’évolution des systèmes de protection sociale dans le
monde, et non seulement aux visions franco-françaises (marquées par la
certitude d’avoir le seul système inspiré par de vrais principes universels et
par le mépris des autres, notamment anglo-saxons), c’est une affaire
importante. La réforme de la couverture santé propose un compromis « acceptable » entre une
approche beveridgienne ou bismarkienne (système assurantiel ou universel, géré
paritairement ou par l’État, couplé à un système d’aide sociale solidariste) et
une approche libérale (système par assurance privée, avec gestion des
situations des plus pauvres par la puissance publique).
L’esprit de la réforme Obama pour les
dépenses de santé est en effet une combinaison originale : sans bouleverser le système en place aux États-Unis, il maintient l'assurance
privée mais propose de mettre en place un régime alternatif (c'est-à-dire
concurrent des assureurs) qui permettrait de peser sur les coûts, et ainsi
d'améliorer la couverture des Américains tout en facilitant la maîtrise des
dépenses. A noter en effet, le coût de la santé des américains est une grande préoccupation,
peu commentée par les média français : les américains lui consacrent 18 % de
leur PIB, contre 11 % en France (pourtant parmi les pays les plus dépensiers en
Europe). Il est intéressant de relire le dossier de la Revue Études et
Résultats (cliquer sur ce lien pour le télécharger), toujours aussi précieuse,
de la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et Statistiques
(Ministère de la Santé) qui présentait en 2001 la couverture maladie et
l’organisation des soins aux Etats-Unis.
Les résultats positifs avec cette réforme Obama :
de la rémunération quand
l’employeur est à l’origine du choix et l’intermédiaire (ce n’est pas une
obligation), chaque partenaire-assureur pouvant d’ailleurs être un
« HMO » (Health Management Organisation), c’est-à-dire un assureur s'appuyant sur un réseau de prestataires de
soins (dans ce cas, l'assuré ne peut consulter que les praticiens du réseau). A
noter, ce système est extrêmement coûteux en argent et en santé (les HMO sont
désignées comme responsables de la mort de nombreux américains, par leur refus de
certains soins !! cf les caricatures présentées ici).
> Enfin pour les 25 % de personnes qui bénéficient d’un système
public, rien ne changerait, soit pour le système Medicare (pour les personnes de plus de 65 ans ou invalides), soit
pour le système Medicaid (couverture
pour les plus pauvres, gérée à un niveau fédéral, c’est-à-dire par chaque
état), ces systèmes ayant été mis en place a minima par Clinton en 1995 (voir
le contexte de ces systèmes et la réorganisation de l’aide sociale aux
Etats-Unis dans le billet de ce blog d’août 2007 en cliquant sur ce lien) après l’échec de réformes
plus ambitieuses.
Les résultats plus problématiques de la réforme :
> La réduction des dépenses de santé peut être un élément positif si
elle est réalisée avec discernement, malheureusement, il est à craindre une « politique du chiffre » a
minima, qui liera la baisse du coût des assurances à une baisse de prestations.
> Cette question du système de santé n’est qu’un élément de la
protection sociale, et sur le fond, c’est l’ensemble de la protection sociale
(risque vieillesse, risque emploi, risque famille) qu’il conviendra à terme de
penser dans une vision assurantielle ou solidariste rénovée.
Daniel GACOIN
tres beau blog
Rédigé par : depannage informatique | 09 novembre 2009 à 16:09