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Mais, comme souvent, les
responsables politiques se croient obligés d’en rajouter, en mettant en avant
des mesures généralisées portant l’opprobre sur l’ensemble des maisons de
retraite. Comme cela a déjà été le cas en 2008 pour Valérie Létard, Nora Berra
a cru bon d’indiquer, au-delà de son sentiment d’indignation, qu’elle souhaitait
faire avancer une obligation de « rendre publiques les
évaluations des maisons de retraite de façon à éviter la maltraitance ».
Elle a ainsi affirmé : « il s’agit de
promouvoir une véritable culture de la « bientraitance » et d’éviter
le fléau de la maltraitance passive. Pour ce faire, le Gouvernement a décidé,
dans les trois ans qui viennent, de former à cette notion l’ensemble des
personnels soignants qui œuvrent auprès des personnes âgées. La réponse à la
maltraitance est double : l’information et la transparence ».
> La maltraitance pourrait
être généralisée : « Chaque
année, des milliers de cas de maltraitance rythment encore la vie des maisons
de retraite françaises », a t-il été soulevé au Sénat,
> L’évaluation serait un des
outils du contrôle, construite sur un contexte, non de recherche ouverte de
progrès, mais de suspicion,
La confusion est d’autant plus importante que ces propos contredisent l’objet de l’évaluation, défini par la loi et des textes réglementaires ou d’orientation. Dans les textes officiels, l’évaluation est une démarche « permettant d’interroger les pratiques et leurs effets », non une vérification du respect de procédures ou de l’absence d’une maltraitance. Toujours dans les orientations officielles, elle est constituée par des constats qui peuvent être partagés entre parties prenantes, mais qui ne sont pas destinés à être communiqués largement au grand public. Enfin, les textes officiels rappellent que l’évaluation ne devrait pas servir à des comparaisons entre institutions. Or la Secrétaire d’État, derrière ses propos sur l’information et la transparence, parait rechercher un repositionnement de l’évaluation à travers une conformité apparente à des standards, des garanties et un contrôle centré sur la maltraitance. Elle va ainsi favoriser des déguisements, des présentations apparentes, pas forcément une recherche de progression… Voulant bien faire, la Secrétaire d’État en a rajouté à partir de l’affaire en cours, au point de fragiliser la position de l’évaluation, même si elle a exprimé tout haut ce qu’une partie des responsables publics pensent tout bas !
Il me semble donc particulièrement nécessaire
d’affirmer ici l’idée d’une évaluation sérieuse, rigoureuse, professionnalisée,
dégagée de tout contexte médiatique et passionnel, nettement différenciée d’une
mission de contrôle et de son corollaire, la garantie d’une absence de
maltraitance, en éliminant toute perspective de communication grand public ou
de comparaison d’une institution à une autre.
Daniel GACOIN
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