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Depuis quelques mois, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont en émoi. Une modification du financement de leur budget, liée à la loi de financement de la Sécurité sociale (principe des tarifs plafonds des budgets et de convergence tarifaire progressive entre établissements) avance notamment avec une circulaire interministérielle du 13 février 2009. Cet émoi est en prolongement d’une plainte continue : manque de moyens / augmentation des obligations réglementaires et de qualité. Il faut se rappeler que les EHPAD (appellation qui date de 1998 et remplace le titre de maison de retraite médicalisée) sont, parmi les structures médico-sociales, celles qui ont effectué le saut qualitatif le plus important depuis 20 ans, dont l’application des réformes de prise en charge de la dépendance depuis 1998. Cela rend encore plus crucial le sentiment d’iniquité à l’heure des limitations financières et des exigences accrues.
Un sondage TNS-Sofres pour la Fédération Hospitalière de France (FHF : voir son site), publié le 20 mai 2009, a fait apparaître que :
- 52 % des Français ont une mauvaise opinion des maisons de retraite, ce chiffre étant en hausse de 3 points par rapport à la même étude de 2007.
- A l'inverse, 39 % en ont une " bonne opinion " (-2 points par rapport à 2007).
- Quant à savoir s'ils pourraient payer les 2.200 euros mensuels que coûte en moyenne une place en maison de retraite, 76 % des Français estiment qu'ils ne pourraient pas la payer tandis que 18 % pensent pouvoir assumer cette charge " sans grande difficulté ".
- Enfin, interrogés sur la prise en charge des personnes âgées par les pouvoirs publics, 71% des Français ne jugent " pas satisfaisante " (+3 points par rapport à 2007) la prise en charge des personnes âgées par les pouvoirs publics contre 25 % (- 2 points) qui pensent le contraire.
Une enquête de Force Ouvrière au sein d’un échantillon d’EHPAD a montré que :
- les EHPAD étudiés ont une ancienneté moyenne de 22 ans, la date de construction du plus ancien remontant à 1965 tandis que le plus récent date de 2008, avec une configuration de locaux loin d'être optimale, un faible niveau d'équipements de sécurité (systèmes anti-fugue, dispositifs de surveillance...) augmentant le temps de surveillance du personnel, un niveau d'équipements pour personnes à mobilité réduite modeste, pour ne pas dire insuffisant (93 % des établissements disposent d'un ou plusieurs ascenseurs, seuls 34 % sont accessibles de plain-pied, 41 % sont équipés d'un monte-malade en hausse de 3 points par rapport à la même étude de 2007),
- 60 % des structures ne proposent, par ailleurs, aucune réponse spécifique pour les résidents atteints de pathologies neuro-dégénératives, 26 % d'établissements comptant une unité Alzheimer, 7 % seulement ayant organisé un centre d’activités naturelles tirées d’occupations utiles (cantou) dans leurs murs,
- leur encadrement par des effectifs salariés serait insuffisant avec un ratio moyen de 0,52 salarié par résident, toutes fonctions confondues, ratio qui tombe à 0,38 pour les métiers du soin (infirmiers, aides-soignants, aides médico-psychologiques et agents de service hospitaliers) et même 0,22 si l’on exclut les agents de service hospitaliers (davantage affectés à des tâches hôtelières qu'à des actes de soin).
A l’heure d’une nouvelle approche technique des projets et des moyens des EHPAD (après la grille AGIRR, la grille New AGIRR et la grille Pathos), les EHPAD vivent une phase de responsabilisation accrue : mises en cause médiatisées, gestion de risque. A l’heure des restrictions budgétaires, il conviendrait de développer une démarche financière ciblée, construite, honnête et cohérente à travers les conventions tripartites, avec une approche réelle de contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens engageant chacune des parties.
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