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L’action sociale …
Dans le modèle social français, l’action sociale s’enracine, malgré les changements en cours (qualité, évaluation, dynamisation et concurrence, place active des usagers), dans une pratique institutionnalisée, parfois même bureaucratisée. L’évolution comporte des dimensions positives (professionnalisation, structuration, sortie de l’implicite, abandon du caractère missionnaire de l’action, logique du droit) ou négatives (discours de l’offre, bonne par nature, pas toujours adaptée aux besoins sociaux nouveaux, abandon du caractère militant des constructions solidaires, prédominance des intérêts des acteurs sur les besoins des usagers, logiques institutionnelle et administrative).
L’action sociale a une dimension « attrape tout », selon qu’on la comprend comme secteur institutionnel, ensemble de prestations ou problématisation de l’action humaine. Elle mobilise les moyens pour que la société, agissant sur elle-même, préserve sa cohésion, décline des dispositifs législatifs ou réglementaires et actions visant à aider les personnes ou les groupes fragiles à mieux vivre, à acquérir ou à préserver leur autonomie, à s'adapter au milieu social environnant, et réciproquement. Cette dynamisation du lien social est incluse, dans le modèle social français (protectionnel, fortement professionnalisé, éloigné de la logique caritative), dans les politiques sociales publiques, universelles ou sectorielles (jeunesse, emploi, santé, etc…), catégorielles (personnes âgées, adultes handicapés, délinquants, etc.…), transversales (développement, politique de la ville, politique d’insertion, etc…). Elle pose la question d’une participation des populations concernées, et non d’une seule construction extérieure (fut-elle professionnelle) par prise en charge des personnes.
… l’action humanitaire
L'action humanitaire, à l’inverse, est une forme de solidarité ou de charité établie sur la logique du don, a priori limité dans le temps. Destinée à des populations pauvres ou sinistrées, dans un contexte spécifique (guerre, urgence, etc…), elle peut :
- Répondre à des nécessités diverses et immédiates (faim, santé, reconstruction après sinistre, éducation, protection des enfants, réseaux d'eau, de communication...).
- Prendre diverses formes (dons, marchandises et équipements, interventions urgentes).
- Mobiliser une diversité de soutien. On y trouvera fortement, outre les états, organismes publics ou fondations d’entreprises, des associations (laïques ou confessionnelles, voire idéologiques) et des ONG humanitaires (ou caritatives), financées sur fonds propres (cotisations, dons, opérations...), ou subventions (municipalités, gouvernements, organisations internationales, ou autres ONG ou mouvements). Cette présence associative explique le caractère bénévole des acteurs engagés, qui provoque un relatif dédain des professionnels de l’action sociale.
- Et être confrontée à une véritable question : l’introduction d’une dimension participative dans la mise en œuvre et l’organisation de l’aide.
… et l’aide au développement
L'aide au développement désigne une action volontaire par un acteur extérieur pour impulser le développement d'un pays, d’un territoire, groupe social etc…. Les conceptions du développement sont nombreuses, les formes de l'aide le sont tout autant. Sur le fond, l’aide au développement va mobiliser des ressources propres (dont celles des hommes eux-mêmes) pour résoudre une difficulté présente et construire une évolution dans des objectifs à plus long terme, plus permanents, supposant une utilisation propre, par le destinataire de l’aide (pays, territoire, groupe) des ressources mobilisées. Les motifs de l’aide au développement sont très divers (politiques, humanistes, religieux, etc…), comme les formes de don qui les soutiennent. Il existe une tension entre une mobilisation extérieure, « assistancialiste », et une mobilisation interne, participative, dans l’invention ou la gestion de solutions à court et long termes. D’autant que l’aide au développement va des réponses aux nécessités jusqu’à des approches élaborées (prêt financier, cadre législatif, formation et éducation, innovation technique, infrastructure, etc…) .
… soumises au même questionnement
Relions ces trois formes d’intervention, aux contenus différents mais complémentaires, à une même approche : celle de l’intervention auprès d’un « autre » (en difficulté sociale, en situation de sinistre, en manque dans l’utilisation de ses ressources), destinée non à l’assister ou le prendre en charge, mais à lui permettre d’être acteur capable de faire le choix de son propre destin, acteur debout, avec sa dignité restaurée, autonome, un acteur relié. Ceci suppose des innovations au niveau des personnes destinataires ou au niveau des intervenants ou aidants, tant pour l’action sociale, l’aide humanitaire que l’aide au développement. Deux expériences méritent d’être citées dans ces 2 derniers domaines.
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La conduite de projets de développement
La première concerne une association originaire de France et d’Afrique de l’Ouest, l’ASFODEVH, association pour la formation en développement humain. Créée en 1992, elle est soutenue par l’organisation internationale de la francophonie. Sa priorité : la formation de formateurs pour l’accompagnement de projets de développement de toute nature (économie familiale et sociale, éducation de jeunes, partenariat équitable, renforcement de liens sociaux, production par entreprenariat ou artisanat, transformation de produits, crédit épargne, création de coopératives, amélioration de la santé et des conditions de vie). Elle regroupe des acteurs de différents pays : Bénin, Burkina, Congo, France, Guinée, Mali Niger, Togo.... L’ASFODEVH vient d’éditer un ouvrage fort intéressant, un « Guide méthodologique pour l’accompagnement de personnes ou de groupes porteurs de projets ». L’ouvrage est plein d’informations pour aider à la construction de projets : l’analyse et l’inter-connaissance d’une problématique, l’émergence d’un projet, l’étude de la faisabilité, l’établissement de progression, la planification, l’évaluation. Son intérêt est évident, y compris pour des acteurs de l’action sociale, et je recommande de se le procurer (10 €) pour soutenir le travail réalisé par de nombreux acteurs de terrain en Afrique, aider au financement de cette association. Pour un contact, le mail est [email protected], pour plus de renseignements, consultez le site de ASFODEVH.
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Les finances solidaires
Deuxième exemple : du 4 au 24 juin 2007, Finansol (émanation de la Caisse des dépôts et de nombreux autres organismes solidaires ou financiers) lance le premier « Prix des internautes pour les finances solidaires ». Pendant trois semaines, les internautes pourront découvrir l’utilité de l’épargne solidaire en votant sur www.finansol.org pour le projet ayant reçu le financement solidaire qu’ils préfèrent. Les 4 projets obtenant le plus de voix dans 4 catégories, gagneront l’ouverture d’un placement solidaire labellisé Finansol, une opportunité pour les porteurs de projets de devenir à leur tour des épargnants solidaires. Un internaute sera tiré au sort et remportera un « panier éthique » composé de produits et services référencés dans le « Guide des initiatives soutenues par l’épargne solidaire ». Ce premier prix interactif permet aux internautes de découvrir une diversité de projets et de valoriser l’utilité de ces placements financiers. Les projets soumis au vote ont été sélectionnés par un jury d’experts et répartis en quatre catégories :
- « Finances solidaires pour mieux consommer » (boutiques équitables, épiceries biologiques...),
- « Finances solidaires pour les professionnels » (services spécifiques aux petites entreprises…),
- « Finances solidaires pour votre bien-être » (activités de loisirs, de soins, culturelles...),
- « Coups de cœur » (projets humanitaires en pays en voie de développement).
Travailleurs sociaux, dirigeants d’organisations sociales et médico-sociales, intéressez-vous à ces 2 expériences. Voter pour le prix des finances solidaires, acheter le guide de l’ASFODEVH, ce n’est pas agir dans un univers différent du vôtre, c’est une action utile et complémentaire qui relève d’une même philosophie : la co-construction de la dignité humaine et du lien social, entre bénéficiaires et aidants.
Daniel GACOIN
j'aimerais recevoir une aide de 50000 euros pour une assistance sociale
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Rédigé par : ntete makulinga | 16 novembre 2007 à 16:45