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Le temps des promesses …
Il n’est pas une seule revue, ou une émission de télévision, ou un débat radiophonique qui ne voit, campagne présidentielle oblige, des hommes politiques prononcer la main sur le cœur la nécessité de prendre à bras le corps tel ou tel grave problème de notre société. Et ceci est bien normal, tant la perception qui domine est celle d’une dynamique à relancer face à des modèles sociaux et sociétaux en crise, d’une nécessaire sortie des impasses. Il n’est pas sûr néanmoins que les promesses entendues, par leur accent de vérité d’un côté, par leur énoncé énergique de l’autre, par les incantations au changement radical enfin, soient portées par le souci de réelles solutions. C’est pourquoi, je me propose de participer, comme d’autres, à l’énoncé d’un certain nombre de questions les plus urgentes.
… bien utile pour se rappeler des réalités
Pour nous rappeler quelques vérités, utilisons le dernier livre de Martin Hirsch « La pauvreté en héritage, 2 millions d’enfants pauvres en France », paru chez Robert Laffont en octobre 2006. L’ouvrage est co-rédigé avec Sylvaine Villeneuve, chargée de la communication de la FNARS (fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale). Le livre est en fait le résultat des réflexions de la commission « Familles, vulnérabilité, pauvreté » réunie pendant cent jours début 2005. Le président de la commission était précisément Martin Hirsch souvent présenté ici : énarque, conseiller d’état, ancien directeur de cabinet de Bernard Kouchner, président d’Emmaüs France et créateur de l’Agence nouvelle des solidarités actives (voir mes différents billets sur cette agence, au cours de l’année 2006). Les 15 propositions élaborées en 2005 ont rapidement été … ignorées, et ce n’est qu’à l’occasion des actions médiatisées de Martin Hirsch, en 2006, qu’elles ont été reprises, en partie, par tel ou tel responsable politique.
Le constat est le plus important : la pauvreté, qui n’est pas une simple question d’argent, est réelle en France… Sur un plan monétaire, la réalité est en hausse importante et nouvelle depuis 2003 : en utilisant la mesure européenne du seuil de la pauvreté (niveau de vie inférieur de 60 % au niveau de vie médian), le nombre de personnes pauvres en France est de 7 millions, soit 12, 5 % de la population. A noter, la France utilisait en 2005 un indicateur différent en restant centrée sur un seuil inférieur (50 % du niveau de vie médian), ce qui lui permettait d’annoncer des chiffres plus positifs (seulement 6,3 % de la population en dessous du seuil de pauvreté), mais qui ne faisaient pas illusion.
… et surtout pour affirmer un objectif unique : zéro enfant pauvre
Ce qui m’a semblé intéressant dans l’approche de la commission, bien reprise dans le livre, c’est le passage par l’enfance : en effet les enfants sont surreprésentés dans la population pauvre, soit l’équivalent de 28,6 % des pauvres contre 20 % de la population générale. C’est pourquoi, l’ouvrage propose un objectif central, atteindre le « zéro enfant pauvre ».
L’intérêt de l’ouvrage est de décliner cet objectif général en 12 plans (pour chacun, une réalité puis une résolution introduite par la question « que faire ? ») :
- L’accès au travail sans appauvrissement : un 1er chapitre présente les difficultés, non d’accès à l’emploi, mais de précarité au moment de l’accès à un emploi aidé, de service, à temps partiel…. La faiblesse du gain financier (d’un minima social à un salaire), voire même la baisse de revenu lors de l’accès à l’emploi (du RMI à un salaire partiel par exemple) est dissuasif en terme de motivation à travailler et suscite la mesure phare proposée dans l’ouvrage : la création d’un Revenu de Solidarité Active (RSA). Pendant la période de retour à l’emploi, une progression des revenus serait rendue possible par l’autorisation d’addition du minimum social (RMI par exemple), des aides fiscales (prime pour l’emploi) ou aides aide au logement, des prestations familiales et du salaire. Le coût de cette mesure est évalué à 6 milliards d’euros.
- L’accès à l’emploi grâce à un service public de la petite enfance : l’équation classique tient en effet dans la formule « pas d’emploi, pas de crèche ; pas de crèche, pas d’emploi ». Alors qu’aujourd’hui, 3 % seulement des enfants de familles bénéficiaires de minima sociaux sont accueillis en crèches, il est proposé d’augmenter ce taux vers un objectif : 50 % des enfants de 0 à 3 ans avec une place en crèche en 2010, 70 % en 2020.
- La transformation des modes de relation entre professionnels et usagers des services sociaux : des situations d’urgence aux situations plus régulières, les modes de relation entre travailleurs sociaux et usagers nécessitent des évolutions (sortie des évitements, des exigences réciproques, etc...). Les vecteurs de ces évolutions devraient être l’adaptation des dispositifs aux personnes et non l’inverse, l’inscription des actions dans la durée, la prise en compte des écarts de représentations pour travailler sur les malentendus, la communication dans la complexité, la mise en place de relais, de véritables rencontres et des accompagnements différents pour les parents et les enfants.
- La réduction de la situation ubuesque du logement : la démonstration indique en effet que l’augmentation du logement loué s’est réalisée depuis 20 ans au détriment des familles les plus pauvres (les propriétaires ont tenu compte des aides pour fixer les montants des loyers). Que faire ? L’ouvrage rappelle la mesure phare du droit au logement opposable, pour les situations les plus graves, couplée avec une pénalité incitative en direction des commune ne respectant pas le taux minimum de logements sociaux.
- La résolution de la situation spécifique du saturnisme : il tue encore. L’éradication de ce mal, découvert dans son ampleur il y a 20 ans, non circonscrit du fait de comportements d’évitements et de l’inaction des pouvoirs publics, est présenté comme un objectif absolu pour les 3 ans qui viennent
- La réduction de l’inégalité des enfants devant la santé : malgré l’avancée indéniable de la couverture maladie universelle (CMU), il reste encore 3 millions de personnes dépourvues de couverture complémentaire. Les préconisations sont importantes : aide à l’acquisition de complémentaires santé, programme d’éducation sanitaire en direction des enfants
- La diminution de l’inégalité alimentaire : la description des inégalités se confirme en matière alimentaire, avec une augmentation de la fourniture par l’aide alimentaire ou les magasins hard discount. Il est proposé un véritable programme « nutrition santé » pour les familles modestes : prix du lait deuxième âge cassé, valorisation des épiceries sociales, soutien de l’offre de produits frais en quartier déshérité, effort encore plus important de modulation des prix de cantine, soutien de l’éducation à de nouvelles habitudes alimentaires, soutien d’un programme « alimentation et insertion »
- Sortir de l’école de l’inégalité des chances : le paradoxe de la pauvreté et de la fréquentation scolaire tient dans une formule : toutes choses égales par ailleurs, on demanderait « aux enfants pauvres d’être surdoués ». Les études diverses sur la situation de l’école en quartiers déshérités permettent de formuler des propositions : redéployer massivement les moyens vers les ZEP, sortir de la logique carte scolaire pour déterminer le zonage des ZEP, lutte contre le surpeuplement des logements par des internats de réussite éducative dans les lycées, soutiens individualisés pour la réussite éducative, lutte contre l’illettrisme, incitation financière pour le maintien à l’école.
- L’avenir des jeunes adultes : la conséquence la plus massive de la transformation économique est bien connue, c’est l’intégration marginale des jeunes sans qualification, situation qui déborde même sur la grande majorité de la population des jeunes. Les mesures indispensables : revenu de solidarité active étudiant, redéploiement des bourses et déductions fiscales, réhabilitation des engagements de service, contrats d’apprentissage soutenus, droit différé à la formation valorisé.
- La réduction du surendettement : le constat est vite rappelé par la formule « la faiblesse des revenus provoque le surendettement ». Prévenir la panne complète de crédit passe par la restructuration des crédits vers des formules à coût modéré, l’humanisation de la relation bancaire, la sortie des situations difficiles par une logique contractuelle, une politique publique de redistribution du patrimoine.
- Lutter contre la pauvreté sans frontières : les actions de développement dans les pays du Sud réduisant la pauvreté dans notre pays, le constat indique combien le chantier immense, est encore loin d’être engagé par la France. Les propositions sont dramatiquement simples pourtant : réforme de l’aide médicale d’état (AME) pour des conventions réelles d’accès aux soins, action européenne, liaison entre aide au développement et politique migratoire
- La dignité et la solidarité liées : les crises sociales aboutissent à une véritable pathologie de la pauvreté, nécessitant d’être traitée comme telle. C’est pourquoi sont proposés : des actions de promotion culturelle, le lien automatique entre niveau des hauts revenus et réussite d’objectifs sociaux (lutte contre la pauvreté, création d’emplois), une semaine de terrain par an pour toute formation en grande école, un service civil de solidarité.
Et si les candidats s’engageaient ?
Chacun aura noté combien les hommes politiques ont été sensibles à un pacte écologique, bien nécessaire évidemment. Pourquoi ne seraient-ils pas soumis à un même questionnement pour un pacte de lutte contre la pauvreté ?
Daniel GACOIN
Daniel,
Merci pour cet article et ton opiniatreté à ne pas se satisfaire des discours, en continuant à nous alerter sur cette question de l'urgence sociale, de la grande pauvreté notamment en ce qui concerne l'enfance.
L'écho que tu donnes à l'ouvrage de Martin Hirsch et de Sylvaine Villeneuve et aux douze points à développer pour soutenir une véritable politique de solidarité nous fait réfléchir à cet objectif si lumineux : Zéro enfant pauvre, zéro enfant malnourri, déculturé, et si ... on s'engageait la dessus plutôt que de solliciter les femmes et les hommes politiques (surtout en ce moment) uniquement sur la défense d'intérêts sociaux morcelés, corporatisés ?
Amitiés
Jean-Michel
Rédigé par : Jean-Michel ZEJGMAN | 15 avril 2007 à 20:33
salam
moi je suis une jeune fille de 24 ans, j ai pas pus continuer mes etudes par manque de moyens, j aurais bien aimer que vous me venez en aide car je veux bien poursuivre mes etude a défaut de travailler à mon propre compte
mes parent ne travaille plus et mes freres et soeurs sont dans la même situation que moi, s'il vous plait aider moi à aider autruit
dans l attente d une suite favorable à ma demande, je prie d agrere Monsieur l expression de mes sentimesnt les plus respectuex
bien des chose à voi et à toute votre famille
je compte énormément sur vous merci d'avance
Rédigé par : marième | 07 août 2007 à 12:01
Marième,
J'entends votre situation et votre demande d'aide pour aider autrui.
Je vous propose de me contacter directement par mon mail [email protected] ou [email protected], car je n'ai pas de coordonnées pour vous écrire directement.
A très bientôt
Daniel Gacoin
Rédigé par : Daniel Gacoin en réponse aux interrogations de Marième | 10 août 2007 à 10:36
vous parler de pauvreté, mais savez vous ce qu'est vraiment la pauvreté, c'est ne pas manger tous les midi, pour que votre enfant elle mange le soir un bon repas, car elle va au lycée, et se donne a fond dans ces édutes, la pauvreté, c'est de n'avoir pas l'argent pour aller chez le coiffeur, c'est vivre avec Allocation pour l'éducation de l'enfant handicapé 119,72 €
Allocation de soutien familial 83,76 €
Revenu minimum d'insertion 471,30 €
MONTANT VERSÉ 674,78 €
en maladie depuis un an , le loyer est payez par la caf, car comment faire, mais j'ai EDF,GAZ,TELEPHONE, ASSURANCE MAISON,ASSURANCE DECE car je ne veux pas mettre ma fille dans le besoin à mon décè ce qui est mormal, alors là oui parler pauvreté, mais arreter de parler pauvreté le sujet que vous n'avez pas vécus.
Rédigé par : jeanine | 20 octobre 2007 à 09:58
Je suis la Présidente d'un Club dénommé CLUB HIRONDELLE qui œuvre en faveur des enfants orphelins. Nous sollicitons votre concours pour nous accompagner à la réalisations de ce projet pour améliorer les conditions de vie de ces enfants démunis en les scolarisant. Merci pour votre bonne compréhension
La Présidente
Rédigé par : CLUB HIRONDELLE | 06 novembre 2007 à 14:27
cher monsieur,
suite à une récente formation que vous avez animé à Cambrai, j'ai pris connaissance de votre blog et je trouve qu'il constitute un espace de réflexion enrichissant.
Je voulais vous en remercier et vous assurez de ma fidélité pour la suite.
Concernant votre analyse sur les dossiers des usagers, je voudrais compléter vos propos en affirmant la nécessité impérieuse de parvenir à la tenue de dossiers dans l'intérêt des usagers. Deux options risquent de se profiler pour les établissements et services:soit mettre en place des dossiers en respectant simplement un formalisme qui répondra aux évaluations extérieures; soit, mettre en place des dossiers avec un formalisme adapté aux usagers, c'est à dire des dossiers qui permettent réellement aux publics de comprendre leur contenu et de s'en servir pour évoluer. Prenons l'exemple des mineurs, la compréhension d'un projet individualisé par un jeune nécessite une rédaction appropriée; c'est la meilleure garantie pour que ce jeune s'approprie cet outil et qu'il soit ainsi un acteur de sa prise en charge. Or, cette approche change tout selon moi. En effet, on conceptualise les outils de la loi du 02/01/02 soit pour être aux normes, soit pour servir aux usagers.
Ce que je prétends n'a rien de très original mais j'estime que c'est le challenge qui attend les directeurs (rices) d'établissement. J'espère que le secteur social et médico-social sera à la hauteur et j'espère aussi que les autorités de tutelle qui organiseront les évaluations des établissements à partir de 2009 sauront intégrer ce paramètre: l'accès au dossier par l'usager est-il réel, c'est-à-dire est-il adapté à la compréhesion de l'usager ? En se posant cette question, les établissements et services pourront répondre aux normes évaluatives tout en étant utile aux usagers.
Rédigé par : Christian HILAIRE | 09 novembre 2007 à 20:00