L’arrivée de la gestion des ressources humaines…
Ce domaine est en développement dans le monde des entreprises, dans la fonction publique et incidemment, pour le monde associatif, important pourvoyeur d’emplois dans le monde des services à la personne. Le secteur social et médico-social, géré par des personnes morales très diverses, avec de multiples organisations (appelées aujourd’hui OSMS) découvre ainsi la GRH. Elle apporte des référentiels, méthodes et outils qui manquaient… On sort ainsi de l’intuition, capable du meilleur et du pire, pour entrer dans la rationalité. On y perdra de la spontanéité, on y gagnera des réalités probantes et de l’égalité de droit… à condition d’être au clair sur les fondements.
… avec son lot de méthodes…
La gestion prévisionnelle des emplois et des compétences est l’un des vecteurs de la GRH. Un outil l’accompagne, maintenant banalisé dans les entreprises, en cours de développement dans les OSMS : l’entretien annuel. Il est souvent appelé entretien « d’appréciation » ou « d’évaluation », ou entretien « d’évaluation et de progrès ».
… pas toujours bien comprises
Il est souvent utilisé avec des dérives : « on le fait parce qu’il faut le faire », on l’utilise « pour enfin dire des éléments que l’on ne dit pas par ailleurs », ou encore, c’est un temps où « l’on va régler des comptes », d’autant que la notation ou l’appréciation sur la suite de la trajectoire professionnelle aura des conséquences décisives. Le pire néanmoins, c’est l’entretien banalisé, comme exercice de style « où il ne se dit rien »…
Comprendre l’entretien annuel…
Je souhaite apporter mes petites recommandations, au premier rang desquelles la juste compréhension de ce type de rencontres. Sa définition est en effet importante : il s’agit, selon moi, d’abord d’un temps de réflexion, inscrit dans un protocole institutionnel (une méthode égale pour tous). Il devrait être structuré sur une dynamique : l’échange sur les réalités (savoir, savoir-faire, savoir-être, réalisation d’objectifs), la prévision d’un plan de travail ou d’évolution (savoir évoluer). Ses thèmes :
1. L’intégration dans l’organisation,
2. La compétence professionnelle,
3. Le projet et la trajectoire professionnels.
À mon sens, l’entretien est un temps de rencontre et de réflexion en commun, il ne devrait pas être un temps de sanction, même si la dynamique complexe qui l’agite est liée à l’appréciation finale, retenue en commun, entre un cadre de niveau N + 1 et un cadre ou salarié de niveau N.
… et le décliner dans un protocole…
Il me semble peu entendable de voir des mécaniques complexes se développer comme l’appréciation d’un salarié à 360 ° (une rencontre après des écrits réalisés sur ce dernier par le niveau N – 1, d’autres salariés du niveau N, plusieurs cadres de niveau N + 1). Restons simple, restons centrés sur la vérité d’une rencontre… à condition qu’elle soit calée sur un protocole, comme juste adéquation entre définition et déroulement.
… et une dynamique relationnelle
Je propose d’appliquer à l’entretien annuel, les règles de base de toute conversation, telles qu’elles sont posées, en pragmatique linguistique, par les promoteurs de « l’analyse des conversations » ou les théoriciens de « l’école nouvelle de l’argumentation ». Ces règles reposent sur :
- La loi de sincérité : le cadre de l’entretien est posé et respecté, chacun entre dans une adéquation entre cadre et contenu, les questions posées sont celles qui sont traitées, chacun formule d’emblée ses contenus en ne tentant pas de les faire formuler par l’autre (d’où l’intérêt d’avoir écrit de chaque côté avant la rencontre).
- La loi d’intérêt : l’entretien prend en compte des thèmes importants et intéressant le salarié, non le seul intérêt du cadre. Il est important en effet de modifier des dérives éventuelles, d’un contenu unilatéral, sans intérêt pour les deux parties.
- La loi d’informativité : il évoque des informations qui sont nouvelles et non simplement des répétitions de lieux communs, déjà largement échangés par ailleurs (encore un intérêt d’une préparation de chacun).
- La loi de l’exhaustivité : les faits sont traités dans leur dimension complète et non par l’utilisation de quelques thèmes mineurs ou particuliers (on ne dira pas de quelqu’un qu’il est systématiquement en retard si cette remarque ne regarde qu’une situation sur deux).
- La loi de la litote : tout n’est pas forcément posé d’emblée, mais complété dans l’échange ; chacun, ayant préparé un contenu, accepte de découvrir et d’explorer des thématiques nouvelles et émergeantes.
- Le principe de coopération : l’attention aux contenus de chacun est une base, pour avancer vers… des compromis. À mon sens, l’entretien n’a aucun intérêt s’il ne permet un rapprochement vers un contenu commun et acceptable pour les deux parties (objectifs, besoins de formation, déroulement de carrière, …).
Rationalité et humanité
On l’aura compris, je plaide pour la rationalité de ces échanges, précisément pour qu’ils soient une occasion de reconnaissance et de rencontre, en vérité, entre deux personnes ayant des intérêts communs et des positions opposées. La qualité codifiée, la limite de ce temps sont les conditions… de son humanité. Elles sont également un garde-fou : si les règles explicites n’étaient pas appliquées, chacun devrait pouvoir s’appuyer sur des recours éventuels (refus d’un entretien hors cadre, appel à un tiers, etc…).
Daniel GACOIN
Avant de mettre en place des conseils de méthodologies, rendez visite à certains directeurs (ou cadres "faisant fonction"), en poste depuis longtemps.
DEPUIS 2002, ILS SONT SUBMERGES DE DISPOSITIFS NOUVEAUX à mettre en place.
Sensibilisons et formons les directeurs aux notions élémentaires du droit et du contrat de travail, des règles du dialogue social avec les représentants du personnel de leurs établissements. Après, on pourra leur demander de se pencher sur l'accord de branche (BASS) du 7 janvier 2005 sur la formation tout au long de la vie et l'entretien professionnel que devront mettre en place les employeurs en 2006.
En substance, les travailleurs sociaux sont - comme les patrons de PME ou TPE - désarmés devant le nombre de lois à appliquer, sans espoirs de résultats : loi de modernisation sociale qui vient d'être retouchée, lois CNE + contrats de professionnalisation + CPE + DIF + évaluation des risques professionnels + DTA (Document Technique Amiante), etc.
Bertrand Fauquenot
ANPAA - Formation,
15-03-06
Rédigé par : FAUQUENOT B | 15 mars 2006 à 10:46
serait-il possible de vous poser des questions sur l'entretien annuel d'évaluation pour mon oral de bac merci d'avance
Rédigé par : william richard | 25 janvier 2008 à 16:36