Un livre utile…
L’ouvrage est publié depuis 6 mois par les Editions Dunod. Il confirme la position de l’auteur comme expert, référence importante et incontournable dans le secteur social et médico-social. Il s’agit d’une réédition, mais en réalité d’une nouvelle écriture, s’appuyant fortement sur la loi du 2 janvier 2002 de rénovation de l’action sociale et médico-sociale.
Un ton incisif...
Comme toujours chez Loubat, le style direct présente des formules fortes qui frappent le lecteur. L’ouvrage est essentiellement destiné aux cadres et dirigeants des organisations sociales et médico-sociales. Le discours les conforte et les confirme dans des conduites de changements. Le ton est susceptible d’être moins adapté, voire agressif ou provoquant, auprès d’un public de professionnels.
Un livre très ouvert…
L’ensemble se présente de façon ouverte, portée par le désir d’une approche universelle dépassant le thème de départ. En témoignent, après une introduction au titre ambitieux (le projet, trace de l’humanité), les 3 parties de l’ouvrage :
- L’émergence du travail par projet : 90 pages essentiellement consacrées aux évolutions conceptuelles et légales des organisations sociales et médico-sociales,
- La mise en œuvre de la démarche projet : 175 pages. Cette partie est consacrée, pour la moitié des chapitres, au thème lui-même : un sur la conception d’un plan pour les projets, trois sur le positionnement et la conception du service, un avec des études de cas. Dans l’autre moitié de cette partie, l’auteur explore des sujet annexes parfois avec pertinence, loin du thème originel : le projet personnalisé, l’évaluation, l’analyse des pratiques….
- Le partenariat avec les parents et les familles : 43 pages. Cette partie est fort utile, sans rapport direct avec le projet d’établissement.
Peu d’apports nouveaux…
L’intérêt de l’ouvrage (une 2ème édition) est de reprendre des positionnements fondamentaux*. Il n’explore pas de nouvelles pistes, semble parfois même se limiter à des approches schématiques (le handicap par exemple, dont il ne présente pas, en outre, les dernières approches jusqu'à la loi de février 2005). Sur certains thèmes, les incantations ne permettent pas de construire suffisamment d’apports méthodologiques et techniques (l’évaluation par exemple).
... mais un contenu indispensable…
Jean-René Loubat affirme des concepts essentiels et incontournables : logique du service, sortie du « tout institutionnel », conception de l’utilité sociale, participation, personnalisation de l’offre de service. Il les affine, les diversifie*. L’approche du projet, telle qu’elle apparaît, est fortement centrée sur la logique du positionnement. Au fond, c’est son mérite majeur : lier les pratiques, le contexte, le cadre, dans un ensemble de principes forts et contraignants.
...Avec ses limites
La force du propos de Loubat, à laquelle je m’associe**, est aussi sa limite. Elle est adéquate pour un type de stratégie de projet, celle du positionnement. Or, il existe deux autres stratégies, en fonction des contextes : la stratégie de l’élaboration (recherche, construction), la stratégie du changement (orientations affirmées, développements partagés, intégration de processus émergeants). Sur le fond, l’auteur limite l’approche managériale à des affirmations à tenir, en oubliant tous les aspects esthétiques, pédagogiques, créatifs et innovants, accompagnants, porteurs de relations dans les conduites et animations. Précisément, cette omission est susceptible d’entraîner des résistances. Elle peut être résolue en développant, de manière plus approfondie, tous les cas de figure et modèles, dans leur diversité, des élaborations de projet :
• Les orientations et le pilotage,
• La réflexion et la participation,
• L’écriture,
• La mise en œuvre et son évaluation, l’apprentissage qui en résulte.
L’ouvrage de Loubat est révélateur et porteur d’une étape du secteur social et médico-social, de ses mutations. Le livre est, pour cette raison, essentiel. Il est, pour cette raison, limité. Pour l’avenir : servons-nous de ses apports avec reconnaissance et intérêt, mais pensons à ouvrir de nouvelles approches plus stables et sereines, plus diverses de la conduite des projets.
Daniel GACOIN
* On se réfèrera notamment à l'ouvrage "Instaurer la relation de service", Dunod, 2001 (www.dunod.com)
** Je suis souvent, sur le fond, en communauté de vue avec Jean-René Loubat. Lui-même a bien voulu mentionner dans l'ouvrage dont il est question ici tout le bien qu'il pense de mes propres travaux. Je l'en remercie.
bonjour,
Psychosociologue, je suis souvent en accord avec les propos et idées de JR Loubat, mais personnellement je trouve qu'il recycle beaucoup... en publiant trop on a moins de chose pertinente à dire...
Rédigé par : christophemalabat | 25 janvier 2006 à 18:42
Bonjour,
Il est mentionné que les documents ( contrat de séjour, document de prise en charge ...) doivent être gardé même si la personne vient à quitter l'établissement. Je ne trouve pas la durée de conservation de ces documents. Quelqu'un peut il me renseigner ? merci d'avance.
Rédigé par : Moniteur41 | 03 décembre 2006 à 15:05
question plus que commentaire: l'intéret du projet personnalisé n'est plus discutable, je souhaite passer à l'étape de l'écriture formalisée de ce projet. un auteur a t-il travaillé sur ce sujet? quel accompagnement envisager au niveau d'une équipe pour passer d'une cultuer orale à une culture écrite des projets personnalisés?
Rédigé par : Scheune Jean-Yves | 30 juin 2007 à 22:11
Votre question est celle que se posent de nombreuses équipes et les cadres qui les conduisent.
Comme ouvrage, le seul qui construit une méthode est celui de J. Danancier (Dunod), mais qui a l'inconvénient, précisément, de parler essentiellement de sa méthode (dont l'outil ROCS, centré sur une évaluation relativement complexe et pas toujours appropriable). Sinon il y a un des chapitres de mon livre (Communiquer dans les organisations sociales) qui traite du projet individualisé.
Plusieurs organismes de formation intra peuvent accompagner une équipe dans la construction d'une démarche, d'outils et de changement de culture sur les projets individualisés.
J'ai moi-même accompagné de nombreuses équipes à ce sujet, et mon cabinet peut proposer un programme de formation, adapté à chaque structure.
Pour cela, me contacter au Cabinet ProEthique conseil : 01 43 27 48 60 (ou par mon mail direct)
Bien cordialement à vous
Daniel GACOIN
Rédigé par : Daniel Gacoin en réponse aux interrogation de JY Schleune | 05 juillet 2007 à 07:23
J'ai participé à une formation dispensée par J-R Loubat dans notre établissement. Bon et intéressant développement de l'histoire du médico-social en France (on n'a besoin pour cela que de lire quelques livres la-dessus et on peut en parler aussi à d'autres). Ensuite, il a continué avec les recommandations obligatoires (?!) de la H.A.S. (aucun apport personnel non plus). Puis, il a enchaîné avec le travail de terrain. Je me disais que, au moins, ça va être intéressant. Mais, ça a été catastrophique, un coaching comportemental. Ni le professionnel ni l'usager n'avaient plus de place. Il n'y avait plus que la méthode de négociation qu'il appelle "aikido" et qu'il doit vendre à tout le monde. Elle consiste a fatiguer l'usager en lui donnant toujours l'impression qu'il est pris en compte et l'amenant a accepter ce qu'on lui propose comme projet. Questionnaires à l'appui, pour lui faire semblant de nous intéresser à lui. Marketing pur. Heureusement qu'il ne nous a pas enseigné la méthode du tonneau ou autre. Mais cela n'est pas loin, puisque son idée est que les soins deviennent des objets commerciaux, des "objets" à vendre à des bénéficiaires à qui on fait semblant de prendre en compte leurs besoins. Exécrable. Pouah !
Rédigé par : alex | 08 juin 2015 à 11:41